Affaire Me Traoré : les avocats dénoncent un refus de dialogue du ministre

La frustration est toujours profonde dans les rangs du Barreau de Guinée après l’enlèvement et les violences subies par Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier. Ce lundi 23 juin 2025, les avocats se sont retrouvés en assemblée générale extraordinaire pour décider de leur réponse collective. À l’issue de cette rencontre, ils se sont rendus en nombre au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, espérant rencontrer le ministre Yaya Kaïraba Kaba.

Mais sur place, la situation a rapidement viré à la déception. On leur indique d’abord que le ministre n’est pas disponible. C’est finalement un conseiller qui vient à leur rencontre pour leur dire que « le ministre vous recevra uniquement après une demande écrite ».

Une exigence mal perçue par les avocats, qui jugent la situation urgente et exceptionnelle. « Nous avons été surpris à notre arrivée qu’on nous dise que le ministre n’est pas là, puisque son conseiller nous parle d’un rendez-vous officiel à demander par écrit, alors que la situation est exceptionnelle ! », s’est indigné l’un des membres du Barreau.

En effet, selon Me Faya Gabriel Kamano, bâtonnier par intérim, le ministre est directement concerné. « Il est ministre de la Justice et des Droits de l’Homme. Il ne peut pas dire qu’il n’est pas saisi. Il doit faire de la situation des droits de l’homme une priorité personnelle », a exigé celui qui a porté la voix des avocats.

Déçus par ce qu’ils perçoivent comme un manque d’écoute, les avocats ont décidé de maintenir les décisions prises lors de leur assemblée : deux semaines de suspension d’activités dans les juridictions, le temps d’évaluer l’impact et de décider de la suite. « Nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des avocats. Nous protestons contre la violation des droits de l’homme. Nous avons demandé à chacun de rentrer tranquillement, sans slogan. Nous sommes des intellectuels », a insisté un avocat à la fin de la mobilisation.

Pour l’heure, aucune réaction officielle du ministre ni du parquet général près la Cour d’appel.

Aliou