Le parcours de Fatoumata Kalissa force l’admiration. À 19 ans, cette jeune fille originaire de Tamakénin, dans la région de Boké, vient de réussir son baccalauréat après trois tentatives infructueuses. Mais ce qui retient l’attention du pays entier, c’est sa ténacité : pour financer elle-même ses études, Fatoumata Kalissa vendait des œufs bouillis dans les rues, panier sur la tête, sourire aux lèvres.
Alors que le taux de réussite des filles au bac 2025 en Guinée reste préoccupant, à peine 30,44 %, Fatoumata Kalissa fait figure d’exception. Classée 247e au niveau national dans la filière sciences expérimentales, elle devient malgré elle le symbole de la jeunesse méritante et résiliente. La réussite de Fatoumata Kalissa tranche avec une réalité sociale difficile, où beaucoup de jeunes filles abandonnent l’école faute de moyens ou sous la pression sociale.
Depuis 2011, Fatoumata Kalissa vend des œufs pour subvenir à ses besoins. Issue d’une famille modeste, elle vit avec sa mère âgée et sans revenus. Ses frères et sœurs étant encore dépendants, elle a dû prendre son destin en main « Je gagne environ 50 000 GNF par jour en vendant des œufs. Cela m’a permis de payer mes frais scolaires dans une école privée : 1 400 000 GNF l’année », a-t-elle confié à nos confrères de la presse locale.
Les photos de Fatoumata Kalissa avec son panier d’œufs ont envahi les réseaux sociaux. Moquée par certains, admirée par d’autres, elle a assumé son activité avec dignité. « Je suis fière de mon travail. Les vêtements à la mode, les téléphones, ce n’est pas ça ma priorité. Mon luxe, c’est d’avoir un diplôme », assume-t-elle.
L’histoire de Fatoumata Kalissa ne s’arrête pas au bac. Elle ambitionne de poursuivre des études universitaires en pharmacie, avec un rêve : ouvrir sa propre officine un jour. « Je veux devenir une grande pharmacienne. C’est pour ça que je me bats. Mon rêve, c’est d’aider les autres et de réussir par mes propres moyens », se confie-t-elle.
Cette détermination, Fatoumata Kalissa la transmet à toutes les jeunes filles guinéennes confrontées aux défis de la précarité et des discriminations de genre.
Aujourd’hui, cette jeune élève devient une source d’inspiration. Son message est que la réussite n’est pas réservée à ceux qui ont tout, mais à ceux qui persévèrent. « On peut être une fille, venir d’un milieu modeste, et réussir sans tricher, sans abandonner », conseille-t-elle à sa génération.
Alors que la Guinée cherche à revaloriser l’éducation des filles, le parcours de Fatoumata Kalissa incarne parfaitement l’espoir d’un changement de mentalité. Un exemple à suivre pour des milliers de jeunes guinéennes.
Aliou Nasta
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