L’affaire pourrait prêter à confusion si elle n’était pas aussi sérieuse. Nkoro Valérie, une citoyenne camerounaise arrêtée en octobre 2024, accusée de tentative d’escroquerie contre le président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, vient d’être condamnée à sept mois de prison. Rien d’anormal jusque-là. Sauf que, d’après ses avocats, elle a déjà purgé cette peine. Et pourtant, elle reste derrière les barreaux.
Ce jeudi 5 juin 2025, ses avocats ont réuni la presse à sa maison commune pour exprimer leur ras-le-bol. « Ce qui s’est passé hier, nous nous rendons compte que ce dossier est tout sauf un dossier judiciaire. […] Lorsqu’on met la loi de côté, on fait autre chose. C’est très grave. » Me Salifou Béavogui, figure connue du barreau guinéen et membre du collectif de défense de la camerounaise.
Depuis le jugement rendu par le tribunal de première instance de Kaloum, la logique voudrait que Valérie soit libérée. Mais la réalité est tout autre. Le parquet général bloque. Pourquoi ? Personne ne semble vraiment savoir. Même les avocats sont déconcertés. « Je suis allé personnellement voir le procureur. Il dit “attendez, attendez, attendez, je vais vérifier, j’attends des instructions”. », a expliqué Me Almamy Samory Traoré, également membre du collectif de défense.
Sauf que, selon lui, la seule instruction valable dans un État de droit, c’est la loi. Et plus précisément, l’article 546 du code de procédure pénale. La situation tourne donc à l’absurde. Une peine purgée, une détention qui se prolonge, et un procureur qui reconnaît que la dame ne devrait plus être incarcérée, mais qui préfère encore attendre. « Il reconnaît la légalité du courrier que nous avons adressé, le contenu, le fondement légal. […] Et il dit tout de même qu’il faudrait qu’il s’entretienne avec le ministre de la Justice », ajoute Me Traoré.
À ce stade, les avocats parlent d’une affaire qui dépasse le cadre strictement juridique. Ils ont saisi la hiérarchie judiciaire, écrit au procureur général, au bâtonnier par intérim, et sonnent aujourd’hui l’alerte auprès des organisations de défense des droits humains. « Nous demandons la libération immédiate de notre cliente qui est désormais dans une situation de non-droit », conclut Me Béavogui.
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