Le festival du Lafidy, censé être une célébration culinaire guinéenne mémorable, s’est transformé en un spectacle de chaos et de confusion au Belvédère, ce lundi 17 février 2025. Ce lieu de Belle Vue, autrefois animé par la culture et l’artisanat, a été le théâtre d’une opération de déguerpissement qui a pris de court organisateurs et participants.
Selon les témoignages, la veille, un avis d’évacuation sous 72 heures leur avait été notifié. Pourtant, à la surprise générale, les autorités sont intervenues dès le lendemain matin pour démanteler les installations. Face à cette brusque accélération du calendrier, les festivaliers, décontenancés, n’ont eu d’autre choix que de sauver ce qu’ils pouvaient. « On a été très étonnés par les actes des cadres. On a été informés samedi à 16h, au 72h, et on est venu casser dimanche à 10h. » s’indigne Fanta Mory Kaba, propriétaire d’un atelier artisanal sur le site.

L’incompréhension est d’autant plus grande que certaines parties du complexe ont été épargnées par la destruction. « Si tout était cassé jusqu’au bord, on allait comprendre. Mais ici, seulement les parties, on ne sait pas quand même », explique-t-il, soulignant que les occupants s’étaient pourtant acquittés de leurs redevances municipales. « On a les papiers légaux. On a les papiers du patrimoine bâti. On a les papiers de la mairie. Ça ne fait même pas deux mois qu’on a payé la mairie », a-t-il ajouté.

Derrière les gravats et les structures démolies, c’est toute une communauté d’artisans qui se retrouve démunie, privée de ses moyens de subsistance. « Il faut voir combien de personnes cherchent leur vie ici. Il y a des artisans. Il y a les jeunes qui fabriquent les timbés. Les jeunes qui fabriquent les jouets des enfants. Les jeunes qui font les balafons. Les menuisiers. Si vous venez mettre leur vie à terre comme ça, ce n’est pas normal », a regretté l’artisan.
Face à cette situation, les artisans comptent entreprendre des démarches pour obtenir réparation. « On va essayer de voir si les grands cadres peuvent nous aider à dédouaner les objets perdus. Très, très déçus. 200 % de ce qu’on a, on a perdu. » conclut Fanta Mory Kaba, la voix lourde de résignation et d’amertume.
Aliou
Discussion about this post