L’enlèvement dans la nuit du 20 au 21 juin 2025 de Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier du barreau de Guinée, a provoqué une vague d’indignation au sein de la société civile, du monde judiciaire et de la classe politique. Trois réactions majeures se sont distinguées ces dernières heures : celles de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), du Barreau de Guinée, et de l’opposant Cellou Dalein Diallo.
Dans un communiqué publié ce samedi, l’OGDH a exprimé sa profonde préoccupation face à ce qu’elle qualifie d’enlèvement « brutal » perpétré par des hommes en uniforme et cagoulés. L’organisation rappelle que cet acte viole plusieurs articles de la Charte de la transition ainsi que les instruments juridiques internationaux ratifiés par la Guinée. Condamnant avec fermeté les violences infligées à Me Traoré, l’OGDH a exhorté les autorités à garantir son intégrité physique et à ouvrir une enquête sérieuse, tout en exigeant une communication claire sur les avancées des enquêtes relatives à d’autres cas similaires.
De son côté, le Barreau de Guinée a dénoncé un acte d’une « gravité extrême », constitué d’enlèvement, de séquestration, de torture et de menaces à caractère communautariste. Il affirme que l’avocat a reçu jusqu’à 500 coups de fouet, sur ordre du chef présumé de l’opération. Des sévices que le Barreau qualifie d’atteinte à la dignité humaine et à l’indépendance de la profession d’avocat. Évoquant une opération planifiée avec des complicités étatiques, le Barreau exige que toute la lumière soit faite sans délai et appelle à une mobilisation nationale et internationale pour défendre l’État de droit.
Enfin, dans une déclaration sur sa page Facebook, l’ancien Premier ministre guinéen Cellou Dalein Diallo a condamné un enlèvement perpétré « sans mandat ni procédure légale », qu’il impute à des agents en tenue. Il voit dans cette agression une tentative d’intimidation politique contre un homme connu pour son intégrité et son opposition aux dérives du régime. L’opposant rappelle que Me Traoré a toujours dénoncé les abus du pouvoir et s’est récemment exprimé contre l’organisation du processus électoral par des préfets militaires. Il en appelle à une prise de conscience face à une junte qu’il accuse de « faire taire, par tous les moyens, toute voix dissonante ».
Aliou
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