C’est une attitude à la fois étrange et novatrice. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’écrire ces quelques lignes, non pas simplement pour féliciter, mais surtout pour encourager la police. Les fortes pluies qui se sont abattues sur Conakry dans la nuit du 30 au 31 juillet m’ont trouvé au carrefour Ambiance de Nongo, à quelques mètres du pont menant vers le carrefour KPC. Sur place, vers minuit, la pluie avait complètement envahi le pont, créant un risque énorme pour les usagers.
Malgré ce danger évident, certains automobilistes et conducteurs de motos tentaient de traverser, au péril de leur vie. D’autres, plus prudents, refusaient de s’aventurer, et tentaient, tant bien que mal, de convaincre les plus téméraires — souvent des mototaxis et des conducteurs de « Bonbonna » — de renoncer. La pluie tombait avec une force impressionnante.
C’est à ce moment que les forces de sécurité, notamment la police, sont intervenues. D’abord en bloquant l’accès au pont à l’aide d’un blindé noir. Ensuite, quelques agents sont descendus, armés, pour interdire fermement toute tentative de traversée. Et malgré cette démonstration de force, certains usagers suppliaient pour pouvoir passer.
Un peu plus loin, au pont de Kobaya — tristement célèbre pour avoir causé de nombreuses victimes lors des saisons pluvieuses passées — le même dispositif avait été mis en place. Là aussi, la police faisait face à une trentaine de motards, de véhicules et de tricycles. Pour ma part, il m’a fallu, vers deux heures du matin, contourner la zone en empruntant la route reliant le carrefour Lambandji à la Cité, puis descendre vers Fossidet par la nouvelle route goudronnée.
Au grand carrefour, les forces de l’ordre avaient stationné leurs véhicules de service pour empêcher toute traversée. Ces actions ont été saluées par de nombreux citoyens présents. Pour beaucoup, cette initiative de la police devrait être systématiquement reproduite à chaque pluie diluvienne à Conakry, en particulier dans les zones à haut risque, afin de prévenir les drames.
Je suis profondément attristé qu’en dépit de toutes ces précautions, nous ayons découvert, au matin, des victimes des intempéries. Que Dieu leur accorde son pardon.
Mais que cela serve aussi de leçon à chacun de nous, usagers de la route, surtout dans les zones à proximité de ponts : il ne faut jamais tenter une traversée simplement parce que d’autres l’ont fait. Ce qui a été possible pour eux ne le sera pas forcément pour vous. La vie n’est pas un pari.
Aliou Nasta
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