La guerre commerciale menée par les États-Unis ne montre aucun signe de ralentissement. Et pendant que les grandes puissances se renvoient la balle à coups de tarifs douaniers, certains s’inquiètent de ses répercussions bien au-delà des frontières américaines. L’Afrique, elle, regarde cette escalade d’un œil préoccupé.
Thierno Boubacar Tounkara, économiste averti, tire la sonnette d’alarme. Selon lui, les politiques commerciales de l’administration Trump pourraient « avoir de lourdes conséquences sur les économies de nombreux pays en Afrique. » Certes, en termes de chiffres bruts, les exportations africaines vers les États-Unis pèsent relativement peu autour de 29,3 milliards de dollars mais leur importance est stratégique pour plusieurs économies du continent. « Ce n’est pas beaucoup, mais pour les pays africains c’est important. Il y a le Lesotho qui est taxé actuellement à 50%, Madagascar aussi à 47%… Ce n’est pas terrible, mais c’est important », prévient-t-il.
L’industrie textile, souvent pilier local, est directement touchée. Et ce sont autant d’emplois, de revenus, de perspectives qui sont mis en jeu.
Et ce n’est pas fini. L’Afrique du Sud, qui expédie chaque année pour 1,7 milliard de dollars de véhicules aux États-Unis, pourrait bien voir cette activité freinée. Le résultat, redoute Tounkara, c’est « des pertes d’emplois dans ces pays », et un impact en cascade sur des économies déjà fragiles. Alors, que faire ? Pour l’économiste, la priorité est claire : négocier. « Il faut négocier pour préserver le peu de points de croissance que l’on gagne en exportant vers l’Amérique. Il faut négocier pour conserver l’emploi qui se crée dans le pays », suggère l’économiste.
L’Afrique, dit-il, n’a ni le poids ni le luxe de se lancer dans un bras de fer. « On ne peut pas se permettre comme la Chine ou le Japon. Ce n’est pas possible », ajoute-t-il.
Pendant ce temps, aux États-Unis, le vent tourne aussi. La pression monte chez les consommateurs américains, confrontés à une hausse des prix. « Ils en sont conscients, ils ont commencé à marcher et Trump aussi a commencé à reculer », analyse l’économiste.
Certes, un recul stratégique, peut-être, mais pas suffisant pour rassurer Thierno Boubacar Tounkara.
En tout cas selon l’économiste, « si l’Afrique ne réagit pas vite, cette guerre commerciale pourrait annuler des années de croissance ».
Lamine
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