La sortie de Guillaume Hawing sur l’homosexualité dans le projet de nouvelle Constitution mérite qu’on s’y attarde. L’homme a rappelé que l’article 25 définit le mariage comme une union entre un homme et une femme, estimant que cette disposition est suffisante pour encadrer la question. Mais est-ce vraiment là le cœur du débat ?
Réduire la question de l’homosexualité au seul cadre légal du mariage, c’est ignorer un pan entier de la réalité. En Guinée comme ailleurs, l’enjeu n’est pas uniquement de savoir qui peut se marier avec qui. Il s’agit surtout de savoir si, dans la société, un homosexuel peut exister librement, sans se cacher, et jouir de ses droits comme tout autre citoyen. C’est là que se situe le vrai débat.
Dans certains pays comme le Sénégal, l’homosexualité est perçue comme un phénomène contre nature qu’il faut bannir de l’espace public. Chez nous, la réalité est plus complexe. Les homosexuels existent bel et bien. Ils sont visibles dans nos rues, dans les bars, dans les clips, parfois jusque dans les espaces les plus inattendus. On peut détourner le regard, faire semblant de ne pas voir, mais cela ne fait pas disparaître leur existence.
Alors quand un cadre public se limite à rappeler la définition du mariage dans le texte constitutionnel, il passe à côté de l’essentiel. Soit il maîtrise mal le dossier, soit il choisit volontairement d’esquiver la question. Car ce qui aurait mérité un vrai débat, c’est de savoir si un citoyen guinéen peut, oui ou non, se déclarer homosexuel et vivre sans crainte du jugement, des discriminations ou des violences.
Sur ce point, il n’y a pas d’ambiguïté : la société guinéenne n’est pas prête. Et la Constitution, qu’elle le mentionne explicitement ou non, ne changera pas cet état d’esprit du jour au lendemain.
Aliou Nasta, journaliste
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