Le discours du général Amara Camara à Kissidougou s’inscrit dans une dynamique claire : légitimer l’action de l’actuel régime auprès des populations, tout en préparant le terrain pour une éventuelle prolongation du chronogramme de la transition pour une durée probablement non définie. En préférant la notion de refondation plutôt que de transition, le ministre secrétaire général de la présidence cherche à redéfinir le cadre politique de l’action du CNRD. Ce choix sémantique n’est pas anodin : il vise à éloigner l’idée d’un simple passage temporaire du pouvoir pour installer celle d’une transformation profonde et nécessaire de la Guinée.
Se confondant plutôt aux politiciens, Amara Camara rejette toutes les critiques qualifiant cette tournée de « campagne », mais ses propos laissent entrevoir une forme de promotion indirecte. En soulignant que les populations plébiscitent Mamadi Doumbouya, il se pose en messager d’un soutien populaire massif. Ce type de discours, souvent employé dans des contextes de transitions politiques, vise à asseoir une légitimité populaire, condition indispensable pour maintenir ou prolonger le pouvoir du CNRD.
Le général Camara n’hésite pas à appeler Doumbouya à « prendre ses responsabilités » et à répondre aux attentes des citoyens. Ce message, présenté comme un relais des volontés populaires, pourrait toutefois masquer une stratégie calculée pour prolonger la présence du président actuel à la tête de l’État. Ce type de rhétorique, où le dirigeant est présenté comme une figure providentielle, est souvent utilisé pour préparer l’opinion publique à des décisions controversées, comme le maintien au pouvoir en dehors du calendrier initialement prévu.
Aliou Nasta
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