Le conflit foncier autour d’une parcelle située à Camayenne refait surface. En toile de fond, une plainte portée par les héritiers de feu Soriba Soumah, ancien compagnon de l’indépendance, contre l’État guinéen, accusé d’une double expropriation injustifiée. Selon leur avocat, Me David Beavogui, la situation perdure depuis des décennies malgré des décisions de justice en leur faveur.
« Il s’agit de nos clients qui sont dans des situations d’énormes injustices », déclare l’avocat lors d’un point de presse dans son cabinet, situé à Conakry. « La personne morale censée protéger les citoyens, je veux parler de l’État, est à la base d’une expropriation, d’une double expropriation, pour des causes dites d’utilité publique », ajoute-t-il.
L’histoire remonte à 1966. Soriba Soumah, avec des fonds propres, aurait acquis une parcelle à Camayenne auprès d’un certain Barkhali Soumah. Selon l’avocat, plusieurs documents attesteraient de cette acquisition : une convention de vente, un arrêté d’attribution signé en 1968, un certificat de propriété et une autorisation de construction. « L’État lui a remis toute la documentation nécessaire lui permettant de jouir paisiblement de la propriété sur laquelle il l’a recasé », précise Me Beavogui.
Poursuivant, Me David Beavogui indique que la parcelle est d’abord expropriée pour permettre la construction de l’école primaire publique de Camayenne. Jusque-là, la procédure paraît légale. Mais une deuxième tentative d’expropriation survient plus tard, cette fois via la SOGICO (Société Guinéenne de Construction), qui tente de récupérer la même parcelle. Un contentieux judiciaire s’engage, mais « l’État succombe de l’instance à l’appel », rappelle l’avocat.
Malgré cette victoire en justice, la famille peine à récupérer son bien. Pire, selon l’avocat, l’État aurait proposé récemment la parcelle à l’Agence guinéenne pour le financement du logement. Une tentative qui échoue. « Quand cette dame a compris les dessous du problème, elle a estimé qu’elle ne pouvait pas faire de l’injustice à des orphelins. Elle a renoncé à l’offre de l’État », affirme Me Beavogui.
Mais l’affaire prend une tournure encore plus délicate. « L’État, avec la patate chaude, récupère elle-même la même parcelle et y installe le siège de la CMIS n°1. C’est insupportable », s’indigne l’avocat. « Nous ne pouvons pas nous nourrir de la sueur du malheur des orphelins », ajoute-t-il.

Face à cette situation, selon l’avocat, la famille a obtenu une ordonnance du premier président de la Cour d’appel de Conakry ordonnant l’arrêt des travaux. « J’ai constaté qu’il n’y avait plus d’activité, et donc l’État veut se soumettre à cette décision, cette fois-ci, rendue par ses juges », indique Me Beavogui. Toutefois, l’occupation des lieux reste un point de discorde.
L’avocat conclut son plaidoyer en lançant un appel. « Nous informons l’opinion publique sur la gravité des faits pour que notre appel tombe dans les bonnes oreilles, afin que nos clients soient rétablis dans leur droit et leur espoir », a-t-il exprimé.
Lamine Camara
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