Seize ans après le massacre du 28 septembre 2009, les victimes et leurs familles continuent de réclamer justice et réparation. À l’occasion de ce triste anniversaire, l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre (AVIPA) a lancé un nouvel appel aux autorités guinéennes et à la communauté internationale.
Sa présidente, Asmaou Diallo, a exhorté l’État à organiser sans délai le procès en appel, à revoir le mécanisme de réparation afin qu’il soit réellement inclusif et à assurer la protection des victimes, des témoins et des défenseurs des droits humains. Elle a également invité les Nations Unies, l’Union africaine, l’Union européenne et les partenaires bilatéraux à maintenir la pression sur Conakry pour que ce procès demeure un symbole de la lutte contre l’impunité. Aux victimes et à leurs proches, elle a lancé un message d’espoir. « La justice est longue et difficile, mais elle est inévitable lorsqu’elle s’appuie sur la vérité et la détermination des victimes », a-t-elle déclaré.
Si Asmaou Diallo reconnaît que le procès ouvert en 2022 fut une avancée historique — la première condamnation en Guinée de hauts responsables militaires et politiques, dont l’ancien chef de la junte Moussa Dadis Camara, pour crimes contre l’humanité — elle estime toutefois que cette victoire reste inachevée. Selon elle, seules 334 victimes ont été retenues dans la décision finale, alors que plus de 730 avaient été constituées parties civiles et 450 auditionnées. Des centaines de survivants reconnus dans la procédure auraient ainsi été « invisibilisés », une situation jugée « incompréhensible et injuste ».
La présidente de l’AVIPA n’a pas non plus caché son indignation face à la grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara en mars 2025, au beau milieu de la procédure d’appel. Un acte ressenti comme un « choc » et « un signal d’impunité » par les victimes. Elle a en outre critiqué le décret présidentiel sur l’indemnisation, qu’elle accuse d’avoir exclu une partie des rescapés, alimentant ainsi « divisions et frustrations profondes ».
Pour Asmaou Diallo, seule une justice complète, équitable et inclusive pourra apaiser les blessures du 28 septembre. Faute de quoi, prévient-elle, l’impunité ne fera qu’attiser la colère et menacer la réconciliation nationale.
Aliou Nasta
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