Marc Yombouno, cadre du RPG, ancien parti au pouvoir, a abordé plusieurs questions liées à la transition lors d’une interview accordée à proguinee.org. Ancien conseiller de l’ex-président Alpha Condé, il a également prodigué quelques conseils à l’endroit de l’actuel président de la transition, Mamadi Doumbouya.
Voici un long extrait de son intervention :
Le respect des engagements, gage de grandeur
« Je vais lui conseiller de respecter ses engagements, parce que les grands hommes se mesurent par leur capacité à tenir leurs promesses. Le reste, ce ne sont que des appréciations momentanées, circonstancielles, venant souvent de personnes qui cherchent à obtenir quelque chose. Mais après avoir obtenu ce qu’elles veulent, elles vous délaissent.
Le procès du 28 septembre, une opportunité pour tirer des leçons
Dieu a fait de grandes choses pour la Guinée et pour cette transition, notamment avec le procès du 28 septembre. En politique, j’ai pris le temps de réfléchir et je me suis dit que cela pourrait être une excellente opportunité pour cette transition de tirer des leçons, afin d’éviter de répéter les erreurs de 2008-2009. Malheureusement, nous n’en voyons pas les signes. D’ailleurs, l’un des condamnés, Toumba Diakité, a déclaré que le procès du 28 septembre devrait servir d’exemple au CNRD.
Les dangers des mouvements opportunistes
En parlant d’exemples, lorsqu’un avocat – que je ne vais pas nommer ici – a mis beaucoup de pression sur Dadis en lui demandant pourquoi il voulait se présenter et créer des mouvements de soutien, Dadis a répondu qu’il n’avait jamais demandé à qui que ce soit de le soutenir. Il a qualifié ces personnes d’opportunistes. De cette situation, nous devons retenir que ceux qui, aujourd’hui, créent des mouvements de soutien sur des bases erronées seront un jour considérés comme des opportunistes. Et comme l’histoire n’a pas de brouillon, tout ce que nous faisons aujourd’hui est enregistré et archivé, grâce aux nouvelles technologies.
Dans le passé, notamment sous la Première République et même sous Conté, beaucoup de choses n’étaient pas documentées. Aujourd’hui, celui qui aspire à devenir un grand homme doit veiller à ce que ses paroles d’aujourd’hui puissent être défendues demain ou après-demain. Le président de la transition, lui, devrait œuvrer pour une plus grande ouverture et inclusivité. Que ce soit l’UFDG, le RPG, l’UFR, ou d’autres formations politiques, personne parmi eux n’est contre la Guinée.
Nous souhaitons tous le bonheur de ce pays. Mais encore faut-il que des personnes compétentes soient associées aux discussions pour tracer un chemin solide, afin que le passé serve de référence. Avec nos richesses, Dieu nous a bénis, mais jusqu’à présent, nous ne parvenons pas à nous entendre. Et ce problème dépasse les politiques. On a souvent accusé les politiques, mais la vérité est qu’en Guinée, ce ne sont pas toujours des politiciens formés qui se retrouvent à gérer les affaires publiques.
C’est comme si, sans formation militaire, je me déclarais soldat et partais au front. Ou encore si je me disais forgeron, alors que je ne maîtrise pas la forge, et tentais de fabriquer une roue. Gouverner un pays ou le gérer nécessite des compétences, des structures, et de l’ordre. Depuis l’indépendance, toutes nos lois fondamentales insistent sur le rôle des formations politiques dans l’accès au pouvoir.
Tout cela est stratifié et ordonné. Mais aujourd’hui, si l’on abandonne ces principes en affirmant que les politiques nous ont trahis, et qu’on donne le pouvoir à n’importe qui, voilà ce qui crée le désordre que nous vivons actuellement. »
Aliou
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