Le gouvernement guinéen assure que des élections présidentielle et législatives se tiendront en décembre 2025. Mercredi, le Premier ministre Amadou Oury Bah a confirmé ce calendrier, s’appuyant sur le « oui » massif au référendum constitutionnel du 21 septembre, qu’il considère comme un « mandat de confiance » donné aux autorités de transition.
Mais à l’international, des voix s’élèvent pour dénoncer les restrictions politiques qui fragilisent la crédibilité du processus. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a lancé jeudi un avertissement. « Les autorités militaires en Guinée doivent avant tout lever les interdictions, tout simplement inacceptables, visant les partis politiques et les médias », a-t-il lancé.
Depuis la prise du pouvoir par Mamadi Doumbouya en 2021, le climat politique s’est durci. Les manifestations sont proscrites depuis 2022, plusieurs formations et médias sont suspendus, tandis que des leaders de l’opposition et de la société civile ont été arrêtés, condamnés ou contraints à l’exil.
Le Haut-Commissariat se dit également préoccupé par « la multiplication des violations des droits humains ». Selon ses informations, au moins dix personnes demeurent introuvables après leur arrestation par les forces de sécurité, dont l’activiste Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et le journaliste Habib Marouane Camara. « Les autorités de transition doivent libérer toutes les personnes détenues arbitrairement et celles soumises à une disparition forcée », a insisté M. Türk, en appelant aussi à la mise en place « d’enquêtes efficaces, indépendantes et impartiales ».
L’ONU critique en outre la grâce présidentielle accordée à l’ancien chef de la junte Moussa Dadis Camara, condamné à vingt ans de prison pour crimes contre l’humanité dans le massacre de 2009. « Le droit international interdit les grâces pour des crimes aussi graves », a rappelé le Haut-Commissaire.
À quelques mois du scrutin annoncé, la Guinée se trouve donc à un tournant décisif. Pour Volker Türk, l’avenir de la transition dépendra de la capacité des autorités à garantir un processus électoral transparent, inclusif et respectueux des droits fondamentaux.
Aliou Nasta
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