La cohérence du cadre juridique électoral en Guinée est une nouvelle fois mise à l’épreuve. À un peu plus de deux mois du scrutin présidentiel prévu le 28 décembre 2025, une divergence majeure entre la Constitution et le nouveau Code électoral alimente un vif débat dans les milieux politiques et juridiques du pays.
Au cœur de la controverse : l’âge minimum pour être candidat à la magistrature suprême.
Alors que l’article 45 de la Constitution fixe la limite inférieure à 40 ans, le nouveau Code électoral, adopté le 26 septembre par le Conseil national de la transition (CNT) et promulgué dès le lendemain par le président Mamadi Doumbouya, élève discrètement ce seuil à 44 ans.
Une différence de quatre ans qui n’est pas anodine et qui, selon plusieurs juristes, viole le principe de la hiérarchie des normes, fondement de tout État de droit. Ce principe établit que la Constitution prime sur toute autre loi, y compris sur les textes organiques tels que le Code électoral. « Le Code électoral ne peut en aucun cas modifier une disposition constitutionnelle. Toute contradiction avec la loi fondamentale est nulle et sans effet », explique un juriste contacté à Conakry.
Cette incohérence a rapidement suscité de vives réactions, certains y voyant une erreur de coordination législative, d’autres soupçonnant une manœuvre politique destinée à restreindre le nombre de candidats potentiels.
Quoi qu’il en soit, ce nouvel épisode met en lumière les fragilités institutionnelles de la transition guinéenne et relance le débat sur la rigueur du processus de réforme juridique en cours.
Il rappelle surtout une vérité fondamentale : aucune loi ne saurait prévaloir sur la Constitution, sans remettre en cause la légitimité même du futur scrutin présidentiel.
Aliou Nasta
Discussion about this post