Alors que le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a entamé une visite officielle de 48 heures à Conakry ce dimanche 1er juin 2025, une partie de la société civile sénégalaise appelle à la vigilance et à la solidarité face à la situation des droits humains en Guinée. Ce déplacement, inscrit dans le cadre du renforcement des liens bilatéraux entre les deux pays, se déroule dans un contexte de tension politique en Guinée, marqué par des disparitions forcées et des arrestations ciblées d’opposants et de figures de la société civile.
Dans un communiqué publié quelques heures avant l’arrivée du chef du gouvernement sénégalais sur le sol guinéen, des organisations sénégalaises de défense des droits humains et des voix citoyennes ont lancé un appel à Ousmane Sonko. Elles l’invitent à user de son influence et de son leadership panafricain pour interpeller les autorités guinéennes, notamment sur les cas de disparitions forcées et de répression politique rapportés dans le pays.
Parmi les figures mentionnées figurent Oumar Sylla alias « Foniké Mengué » et Mamadou Billo Bah, deux responsables du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), enlevés en juillet 2024 et dont la localisation reste inconnue à ce jour. Le communiqué évoque également Habib Marouane Camara, journaliste d’investigation, ainsi que l’homme politique Aliou Bah, président du MoDeL, récemment condamné à deux ans de prison ferme pour « offense » au président de la transition, Mamadi Doumbouya.
Selon ces acteurs de la société civile sénégalaise, ces événements témoignent d’une dérive autoritaire inquiétante. « En Guinée, critiquer les dérives de la transition, c’est offenser son chef », souligne le texte, qui demande la libération immédiate et sans condition de tous les « otages politiques » du régime de transition guinéen.
Cet appel survient alors que les autorités guinéennes ont déroulé un accueil officiel au chef du gouvernement sénégalais. Accueilli par son homologue Amadou Oury Bah, Ousmane Sonko doit participer ce lundi 2 juin à une séance de travail conjointe avec les délégations des deux pays. Il sera également reçu par le président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, avant de quitter Conakry dans l’après-midi.
Au-delà des échanges diplomatiques, la visite de Sonko est donc aussi suivie avec attention par les défenseurs des libertés. Ceux-ci espèrent que le Premier ministre sénégalais saura porter la voix de ceux qui n’ont plus la possibilité de s’exprimer librement dans leur pays. Ils interpellent également la CEDEAO, l’Union africaine et la communauté internationale pour qu’elles exigent des réponses sur la situation des disparus et la protection des droits fondamentaux.
Dans un contexte régional marqué par des transitions militaires et des contestations populaires, la diplomatie ouest-africaine est aujourd’hui confrontée à un dilemme : préserver les relations d’État tout en défendant les principes de démocratie et d’État de droit. La visite d’Ousmane Sonko à Conakry en devient, malgré elle, un test de positionnement.
proguinee.org
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